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Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/288

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SUR MON CHEMIN

bien abandonné ce genre là, — ce dont nous ne saurions le blâmer, — pour se livrer tout entier à un amour désordonné pour les chevaux groseille.

Le lendemain de l’emménagement, c’est-à-dire aujourd’hui, les logistes sont coffrés et ce pour trente-six heures. Elles leur sont accordées pour bâtir leur esquisse. C’est d’après cette esquisse qu’ils devront établir leur « rendu » définitif. Durant les trente-six heures de l’esquisse, la tricherie est difficile, à moins d’être plus malin que nature.

Du reste, elle serait inutile, les concurrents la faisant le plus souvent fort sommaire, et cela pour des raisons que nous dévoilerons tout à l’heure. Les logistes couchent, cette nuit-là, dans leur loge, dînent dans une salle commune, sous la surveillance des gardiens, et, après dîner, toujours sous la surveillance des gardiens, font une courte promenade dans le jardin de M. le directeur. Après quoi, on les boucle à nouveau jusqu’à l’heure où leur esquisse, dont ils ont conservé un double, est mise sous scellés.

On leur accorde alors un congé. Quand ils rentrent en loge pour travailler à l’œuvre dernière, on ne fait plus montre de tant de sévérité. Du reste, on comprend, sans qu’il soit besoin d’un puissant effort d’imagination, qu’on ne pourrait ainsi ensevelir, durant soixante-douze jours, dans quelques mètres carrés, un artiste, si féru de son art fût-il. Il ne couche plus dans sa loge, il entre