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Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/341

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UNE MESSE CHEZ BOUDDHA

gère de ce temple improvisé, babille et salue, fait entendre des rires clairs. Enfin, on se case. M. Clemenceau et M. Jules Lemaître s’en viennent.

Les voilà dans l’enceinte sacrée. Ils se baissent, se relèvent, comme s’ils s’inclinaient devant le tabernacle. Ils se penchent, la bouche à l’oreille, paraissant se donner l’accolade. Mais ils se demandent simplement des nouvelles de leur santé. Ils sont là, devant tous, tels deux servants de cette religion d’Orient. On rit un peu autour d’eux. Ils s’asseoient, bien sages.

Après quelques paroles explicatives de la cérémonie qui va s’ensuivre, on nous annonce la venue du prêtre. Il arrive, les yeux baissés, retenant d’un geste modeste les plis de sa jupe jaune, qui tombe sur ses pieds, droite, en laticlave, cependant qu’une tunique écarlate est rejetée sur épaules, à la romaine. Il a une large lace têtue, aux traits forts, aux pommettes proéminentes, à la bouche mince, aux yeux doux, et, quand il s’est accroupi, en tailleur, sur la cathèdre qui lui est destinée, garnie de coussins jaunes, et qu’il a joint hiératiquement les mains, quand, enfin, par le fait même de sa présence au pied de l’autel, il est devenu dieu, alors il apparaît tel un bouddha de bronze de nos musées, tel une image immuable de la divinité.

Cette attitude de définitive immobilité nous frappe, nous inspire le respect. Puis le prêtre entr’ouvre ses paupières closes, et son regard, levé