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Page:Leroux - Une histoire épouvantable, paru dans l'Excelsior du 29 janvier au 3 février 1911.djvu/31

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toute la société que ceux-là et les deux bras si utiles du docteur, le capitaine Gérard eut le courage de se faire couper encore, à ras de tronc, les pauvres moignons qu’une première opération lui avait laissés !

— Et miss Madge ne pouvait pas mieux faire, déclara Zinzin, que d’offrir au capitaine cette main qu’il lui avait si héroïquement conservée !

— Parfaitement ! rugit dans sa barbe le capitaine, parfaitement ! Et si vous trouvez ça drôle !…

— Et est-ce qu’ils ont mangé tout ça tout cru ? demanda cet imbécile de Bagatelle.

Le capitaine Michel donna un si grand coup de poing sur la table, que les soucoupes sautèrent comme des billes élastiques.

— Assez, fit-il, taisez-vous !… Je ne vous ai encore rien dit ! C’est maintenant que ça va devenir épouvantable !

Et comme les quatre autres se regardaient en souriant, le capitaine Michel pâlit ; ce que voyant, les autres, comprenant que ça allait se gâter, baissèrent la tête…

— Oui, l’épouvantable, messieurs, reprit Michel, de son air le plus sombre, l’épouvantable était que ces gens, qui