Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/204

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glomérations humaines et celles-ci ont à la fois des effets bienfaisants et des effets malfaisants. Il y a un siècle ou deux chez les nations les plus florissantes de l’Europe les villes avaient une importance très-faible on ne trouvait, guère de grandes cités. Macaulay, dans sa magnifique introduction à l’histoire d’Angleterre, nous apprend que lors de la Révolution de 1688 la seconde ville d’Angleterre, Bristol, ne comptait pas plus de 25,000 habitants nulle autre dans le pays n’approchait de ce chiffre que l’on considère aujourd’hui comme très-modeste et qui n’équivaut qu’à un de nos chefs-lieux de préfecture de troisième classe.

C’est surtout depuis un demi-siècle que le développement des villes a été rapide. En France la population urbaine et l’on entend par là celle des communes ayant plus de 2,000 âmes de population agglomérée formait, en 1851, seulement 241/2 p. 100 de la population totale du pays ; en 1866, elle atteignait 30 1/2 pour 100 ; en 1876, elle montait à 32 1/2. De 1872 à 1876, les statistiques comptaient 417,000 individus ayant émigré des campagnes dans les villes. L’accroissement des villes au-dessus de 10,000 âmes, les seules qui méritent vraiment ce nom, est encore beaucoup plus accentué le recensement de 1876 relève en France 204 villes de cette catégorie : leur population totale était de 7,397,236 âmes en 1872, elle s’est élevée à 7,898,914 en 1876, soit un accroissement moyen de 6,78 p. 100, plus de 11/2 p. 100 par an, et il est presque assuré que le recensement de 1881 donnera une proportion d’accroissement tout aussi forte[1].

Ce n’est pas là un fait particulier à la France au contraire, notre pays est l’un de ceux où l’on trouve le moins de grandes villes relativement à la population totale. La petite propriété retient dans les campagnes beaucoup plus d’habitants que la grande, et la petite industrie qui laisse vivre, pour beaucoup de branches de production, l’atelier domestique prospère en France plus qu’ailleurs. Le développement des villes est plus rapide dans la plupart des autres contrées. Un statisticien dis-

  1. Statistique de la France. Résultats généraux du dénombrement de 1876, introduction, page xx.