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Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/222

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relève l’esprit et le cœur c’est une des meilleures conditions de moralité. Ce qui rend cette organisation possible dans les villes américaines, c’est la facilité et le bon marché des transports urbains et suburbains, deux conditions dont on n’avait aucune idée en France il y a quelques années et que l’on commence seulement à apprécier depuis peu.

En dehors de la population urbaine sédentaire, il y a la population nomade, qui est nombreuse et le devient chaque jour davantage c’est elle qui loge dans le « garni ou l’appartement meublé. Quelle est sa situation, s’améliore-t-elle ? Ce qui est d’abord certain, c’est que cette population nomade augmente sans cesse c’est là un des inconvénients peut-être de notre civilisation ; la facilité même des transports, les chômages de beaucoup d’industries, l’activité soudaine succédant pour certaines branches de travail avec une sorte de régularité à la stagnation, amènent des recrues nombreuses à la population flottante des grandes villes, tandis que les mêmes circonstances créent dans les campagnes des légions errantes d’ouvriers qui exécutent les travaux de chemins de fer, ou bien encore qui viennent faire la récolte et la vendange dans les plaines. À côté de la population purement nomade, il y a une population sédentaire, qui ne quitte pas la même ville, mais qui, n’ayant aucun goût du foyer, aucune recherche du confortable, aucun amour de la décence de la personne ou du logement, habite dans des garnis dont elle change suivant ses fantaisies. La clientèle du garni est donc toujours allée en augmentant.

En 1832, l’enquête faite par M. Villermé avec tant de soin et d’exactitude recensait à Paris 3,106 logeurs qui recevaient 32,414 individus. Environ un demi-siècle plus tard, en 1876, le nombre des logeurs avait triplé il était de 9,050 celui des personnes habitant les garnis avait presque quintuplé il s’élevait à 142,000, dont 115,000 pour les garnis des deux dernières classes, ceux qui correspondent à la catégorie des travailleurs manuels. Ne considérons que ce chiffre de 115,000, les 27,000 autres personnes peuvent représenter les voyageurs, étrangers ou provinciaux qui viennent passer quelques