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Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/231

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deux tiers de la valeur du petit immeuble moyennant un intérêt de 4 1/4 ou 4 1/2 p. 100, amortissement compris en quarante ou cinquante ans. Ainsi, tout ouvrier qui aurait économisé 2, 000 francs pourrait devenir acquéreur d’une maison en valant 6, 000, et pour laquelle il n’aurait plus à payer qu’une annuité de 180 francs au maximum, comme intérêt et amortissement du restant du prix de vente. La première condition pour une semblable amélioration dans le logement de l’ouvrier, c’est que les moyens de transport de toute nature soient absolument affranchis de toute taxe ; la seconde, c’est que l’État réduise a 1/2 p. 100 au plus les droits de mutation ou d’achat. À l’heure actuelle l’ouvrier qui veut acheter une maisonnette de 6,000 francs doit commencer par en payer 6 ou 700 au fisc ; ensuite tous les moyens de transport étant singulièrement renchéris et raréfiés par les taxes de toute nature, il subit, pour se rendre à son ouvrage et pour en revenir, une surcharge qui est peut-être de 100 ou 200 francs par an il s’expose aussi à ne pas trouver de place dans les omnibus et à perdre du temps. Dans les conditions actuelles l’amélioration du logement des ouvriers est un problème presque insoluble.

Des statistiques récentes ont établi qu’a Mulhouse une famille ouvrière consacre environ 15 p. 100 de ses recettes à son logement, 16 p. 100 au vêtement, 61 p. 100 à la nourriture, 8 p. 100 aux frais divers. Le logement prélève parfois jusqu’à 250 francs sur les salaires de l’ouvrier et de sa famille, mais il est rare qu’il ne s’élève pas à 150 francs. À Paris une famille d’ouvriers emploie, à se loger, une somme qui varie entre 200 et 500 francs dans presque tous les cas, pourvu qu’elle ait une petite avance de 1,000 à 2,000 francs, l’annuité qu’elle aurait à payer pour devenir propriétaire d’une maisonnette ne serait pas plus élevée que son loyer actuel ; il est même probable que cette annuité serait inférieure.

De 1854 à 1877, la Société des maisons ouvrières de Mulhouse a vendu 945 maisons, coûtant ensemble 2,780,000 francs ; les frais accessoires de contrat, de contributions et autres se sont élevés à 1,300,000 francs, presque la moitié du prix principal, soit