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Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/295

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qu’on le laisse suivre le cours naturel des choses ; il devient une spoliation quand le gouvernement le fixe de sa propre autorité au-dessus du taux que déterminent les circonstances.

Ce n’est pas seulement par le refus de convertir sa dette, que le législateur français, avec son habituelle impéritie et son dédain de l’équité, crée dans l’État des catégories d’individus privilégiés il fait encore de même en adoptant pour les calculs de la Caisse des retraites de la vieillesse un intérêt très supérieur à l’intérêt normal, le taux de 5 p. 100, au lieu du taux de 3 1/2. Il prend ainsi à la masse pour donner à quelques-uns, c’est sa coutume et le législateur, dans sa frivolité, n’aperçoit même pas l’immoralité de ce procédé.

Combien il serait utile que l’on se rappelât toujours cette grande parole que « les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ! » La nature des choses veut que la baisse du taux de l’intérêt affranchisse graduellement les débiteurs et nous rapproche de plus en plus de l’égalité des conditions l’État, en France du moins, prend à tâche de s’y opposer.