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Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/445

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que surtout la faiblesse de ce rapport ; on peut admettre aussi qu’en Irlande l’assistance publique est sans doute moins étendue qu’en Angleterre. Dans les années postérieures le nombre des indigents en Irlande a augmenté dans une certaine mesure, mais tout en présentant un rapport encore assez faible avec la population ; jamais le chiffre des pauvres secourus n’a depuis lors atteint 100,000 âmes dans ce pays. En 1877, il s’élevait a 78,828 et en 1878, à 85,030, dont 49,365 dans les asiles et 35,500 au dehors. La population de l’île était alors évaluée à 5,350,950 ; la proportion des indigents au chiure des habitants était de 1,59 p. 100. C’est une proportion plus favorable que celle que nous avons constatée pour l’Écosse et pour l’Angleterre mais on s’abuserait singulièrement si l’on pensait que le degré de misère réelle est moindre en Irlande que dans la Grande-Bretagne.

Les études comparatives sur le paupérisme sont pleines de difficultés il est impossible d’atteindre à des résultats exacts, parce que, à côté de l’indigence officiellement secourue, il y en a une autre qui se dissimule ; il y a des souffrances et des privations matérielles singulièrement intenses parmi bien des gens qui ne sont pas publiquement reconnus pour pauvres. Tout témoigne, néanmoins, de ces deux vérités : en premier lieu, l’indigence officielle et même la misère n’augmentent pas dans les pays civilisés ; elles diminuent plutôt. Elles sont, en outre, moins intenses dans les pays industriels que dans les contrées purement agricoles ; cette dernière proposition doit s’entendre dans un sens large ; on ne lui infligerait pas de démenti en opposant tel ou tel district rural prospère à une grande cité manufacturière il faut opposer un vaste pays, tout un peuple, à un autre on aura alors la démonstration de la thèse que nous soutenons.

D’après des statistiques recueillies par M. Maurice Block et qui ont le tort d’être un peu vieilles et incomplètes, il y avait, en 1855, en Angleterre un individu secouru sur 22 habitants (on en comptait, d’après les Statistical Abstracts, 1 sur 27 seulement en 1878) ; en France, d’après M. Block, il s’en trouvait 1 sur 30