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Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/458

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nus des salaires dans la grande industrie, c’est la baisse constante du prix de revient des produits grâce aux perfectionnements mécaniques. C’est une observation curieuse que la très faible quote-part que représente la main-d’œuvre proprement dite dans le prix de la plupart des objets manufacturés. En rapprochant, d’après l’enquête de 1861-1863, les seize principales industries, on obtient la décomposition suivante du prix de revient moyen de leurs produits : dans un prix de revient de 100 francs, l’intérêt du capital ne représente que 2,43 p. 100, la main-d’œuvre 13,75, les matières premières 58,45, le combustible 6,42, les frais généraux 18,93. Il est vrai de dire que si l’on considère l’ensemble des salaires dans le pays et non les salaires de telle ou telle industrie qui donne seulement à l’objet une façon, une main d’œuvre, on obtient une proportion plus forte des salaires avec le prix des objets. Il y a, en effet, même dans les matières premières, même dans le combustible, même dans les frais généraux, une part de main-d’œuvre et de salaires ou de traitements. Si, par exemple, les salaires particuliers de l’industrie textile ne représentent que 13,75 p. 100 du prix des tissus, il ne faut pas en conclure que tous les salaires pourraient doubler en France sans que le prix de revient des tissus augmentât de plus de 13,75 p. 100. Comme en effet, la part des salaires entrant dans le prix de la matière première, du combustible, des frais généraux aurait, elle aussi, doublé par hypothèse, il est évident que l’accroissement du prix de revient des tissus par la hausse de tous les salaires du pays serait de plus de 13,75 p. 100 ; elle serait peut-être de 25 p. 100, peut-être de 30 : quoiqu’il en soit, ce qu’il importe de retenir c’est que le doublement des salaires n’amènerait pas le doublement du prix de revient et du prix de vente. La hausse des salaires a pour effet encore de provoquer l’invention de machines nouvelles ou le perfectionnement des machines anciennes, ce qui est pour l’ouvrier parfois un mal passager, mais toujours un bien définitif.

À la fin du siècle dernier on calculait que les salaires représentaient 60 p. 100 de la production générale, aujourd’hui ils