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Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/47

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tions, 60 bureaux de poste et 10,440 caisses d’épargne scolaires[1]. En 1835 on ne recensait encore que 200,000 livrets de dépôts, et le solde dû aux déposants ne s’élevait qu’à 35 millions de francs, 175 francs en moyenne par livret en 1869 on comptait 1,968 007 déposants et le solde qui leur était dû montait à 632 millions de francs, ou 321 francs par tête. En 1878 les déposants sont au nombre de 3,200,000 et le solde qui leur est dû atteint 1 milliard 12 millions de francs, soit 306 francs en moyenne pour chacun d’eux. Ce n’est pas là sans doute une fortune, mais il s’en faut que la caisse d’épargne recueille la totalité des économies de la population laborieuse. A la campagne, la terre en absorbe une grande partie à la ville, les valeurs mobilières, la rente sur l’Etat, les obligations de chemins de fer, celles de la ville de Paris, avec leurs coupures qui descendent jusqu’à 100 francs, sont encore les placements préférés des bons ouvriers ce goût des valeurs mobilières qui est propre à la population française explique que les dépôts des caisses d’épargne aient une importance relativement moindre en France qu’en Angleterre où ils atteignent près de 2 milliards de francs[2], en Autriche où ils dépassent un milliard et demi, et dans l’Etat de New-York où ils s’élèvent à près de 1,700 millions de francs pour 844,000 déposants[3].

Les esprits qui sont systématiquement hostiles à notre organisation sociale, Proudhon entre autres, contestent, il est vrai, tous les mérites des caisses d’épargne. Ils ne veulent même pas y voir un palliatif aux maux de la société. Il est curieux de rassembler les anathèmes que lance contre cette institution le fougueux auteur des Contradictions Économiques : « La caisse d’épargne, selon lui, n’est qu’une déclaration officielle, une sorte de recensement du paupérisme. Les effets subversifs de la caisse d’épargne sont de deux sortes. Un milliard, sans vote, sans contrôle, court se vaporiser dans l’officine du

  1. Consulter les tableaux graphiques de M. de Malarce publiés en 1879.
  2. D’après les tableaux de M. de Malarce, en 1878 les dépôts aux caisses d’épargne britanniques s’élevaient a 1,892,756,000 francs pour 3,408.481 livrets.
  3. Voir un article de M. Fougerousse dans l'Économiste français du 31 août 1878 sur le Congrès des Institutions de prévoyance.