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Page:Les Amours du Saint-Pere, 1797.djvu/23

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vaincre, écoutez-moi, et une fois en votre vie rendez hommage à la vérité même.

LE RÊVE D’ADAM,

Conte sacré et profane.

Adam comme on le sait, fut notre premier père,
Pour ses menus plaisirs, Dieu l’envoya sur terre,
Et vous le plaça seul pour remplir son destin,
Dans un lieu où l’ennui, du soir jusqu’au matin,
Maîtrisoit sans quartier ce modèle des hommes,
Et lui, pour se distraire, examinoit des pommes,
Plantées en cet endroit sans qu’on sût trop pourquoi ;
Mais ainsi l’éternel en avoit fait la loi :
On dit qu’avec le diable il avoit fait gageure,
Que l’homme restant pur en cette conjoncture,
Se défieroit de lui, noir esprit tantateur,
Mais on sait le succès du démon séducteur,
Qui ne vit rien de plus propice qu’une femme,
Pour s’emparer bientôt et du corps et de l’ame
D’Adam ce bon humain, pour rire du bon Dieu,
Et nous faire griller en commun dans ce lieu.
Eve étoit, on le dit, aimable créature,
De ces pinceaux, Milton en traçant sa figure,
S’échauffe par dégrés et sur différens tons,
Dépeint son cul, sa motte, et ses reins, ses tetons,