Aller au contenu

Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est tous les jours pour le moins deux heures à la peigner et attifer ; il n’y a point de ferremens assez à Paris pour la friser ; il en fait venir de Normandie. — N’en sçavez-vous que cela ? dit une dame de la Cour. Je cognois de nom et de surnom celuy dont vous parlez. Mais il fait bien d’avantage : il a esté si curieux qu’il s’est fait peindre en cinq ou six endroicts de ceste ville, et a envoyé des coppies de son pourtraict à Rome, pour ravir les cardinaux de la beauté de sa barbe. Mon fils m’a dit l’avoir veu en plus de six endroicts depeint dans Rome. — C’est de quoy le reprenoit dernièrement un abbé vestu de rouge (dit la vefve d’un Maistre des Requestes) ; mais il ne s’en soucie pas beaucoup, car, avec le temps, il espère que sa barbe parlera grec, comme celuy qui la porte. — Ho ! ho ! grec ! dit une bossüe qui avoit leu la Bible, ce seroit pire que l’asne de Balaam, qui parloit hebreu. — Nous avez leu la Bible, luy dit une boi-


ceci dût être écrit, je croirois volontiers que l’auteur des Caquets a voulu ici parler de lui. C’étoit en effet le prélat le plus coquet et le mieux frisé du royaume. Tallemant le prouve par cette anecdote : « Un jour que le dernier cardinal de Guise, qui étoit archevêque de Reims, vint fort frisé dîner chez M. de Bellegarde…, Yvrande alla dire tout bas ces quatre vers à M. le Grand (on appeloit ainsi M. de Bellegarde) :

Les prélats des siècles passés
Étoient un peu plus en servage ;
Ils n’étoient bouclés ni frisés, etc.
Ils n’étoien(Histor., édit. in-12, t. 1, p. 110.)