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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/111

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— Ne parlez point de choses qui nous sont indifferentes, repliqua sa maistresse : les murailles ont des oreilles ; on ne sçait quelque fois devant qui on parle.

— Il est vray, Madame, dit la femme d’un advocat du Chastelet : on me disoit l’autre jour qu’une honneste compagnie estant venuë voir madame l’accouchée, qu’il y avoit derrière son lict un certain quidam qui tenoit registre de tout ce que la compagnie disoit ; ce qui ne tourne qu’à nostre desavantage, car chacun nous appelle caqueteuse. Si d’avanture il y estoit maintenant, il nous luy faudroit bailler son change.

Et moy qui entendois toutes ces plaintes, je me resjouyssois de n’avoir pris ma première place, car sans doute on m’eust faict un affront.

— Nostre Dame ! dit alors une damoiselle de marque, parlant à l’accouchée, y auroit-il bien quelqu’un de si hardy que de nous jouër ce tour-là ?

— Je vous promets, madamoiselle, que je n’en ay ouy parler aucunement.

Une vieille ridée alors se leva : Je vous jure saincte Brigide (dit-elle) que j’en sçauray la verité. Et de ce pas elle alla en la ruelle du lict, où elle trouva le nid ; mais l’oyseau s’estoit envolé. Et moy, qui m’esclattois de rire, je ne peus jamais mettre en ligne de compte tout ce que deux ou trois bourgeoises se disoyent secrettement à