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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/133

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à la couronne jusqu’à maintenant, tout ce royaume bouleversé de fond en comble pour votre subject58 ? On vous a veu naistre tous armez comme les gensdarmes de la Toison-d’Or que Jason deffit ; à peine eustes-vous succé la doctrine impie de Calvin et de Luther que vous minutastes dès lors la ruine de ceste couronne. N’avez-vous pas fait des extorsions estranges, où vostre fureur et vostre rage a peu avoir le dessus ? Combien de provinces, de villes, de bourgades et de bonnes maisons ont esté ruinées par vos partisans ! La Guienne, le Languedoc, les plaines de Jarnac, de Moncontour, de Dreux, et une infinité de fleuves sont encore empourprez de sang, et jamais, toutefois, la fortune ne vous a esté favorable en toutes les rencontres et batailles qui se sont données contre vous ; le Ciel n’a jamais secondé vos mono-


59. Ces plaintes éloquentes se retrouvent dans plusieurs écrits du temps, mais nulle part avec plus de vigueur et de virulence que dans les Satyres du sieur Auvray. Ainsi, dans sa Complainte de la France en l’an mil six cent quinze (p. 202), il dit, apostrophant les Huguenots :

Jusqu’à quand, esprits factieux,
Ressemblerez-vous la vipère
En deschirant, seditieux,
Les flancs de vostre propre mère ?

Rebelles, que vous ai-je fait ?
Suis-je une marastre cruelle ?
Après m’avoir succé le laict,
Faut-il m’arracher la mamelle ?