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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/169

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à quoy toutesfois j’ay bien donné ordre, faisant faire une autre clef, que ma servante porte, avec laquelle je me mets en liberté quand bon me semble.

— Je me suis laissé dire, disait la femme d’un advocat, que la femme d’un C. estoit grandement aise de ce que son mary faisoit la despence du logis, et achetoit jusques à un balai à balayer la maison, et qu’il seroit bien marry de bailler un sol pour un carolus25 ; aussi y regarde-il de bien près. Quant à sa femme, elle n’a autre soing que de prier Dieu, se lever, boire, manger et dormir, ce qui est bien difficile à faire, comme je croy.

— Une autre, dit la femme d’un conseiller, doit bien estre aussi aise, car son mary est si soigneux de la cuisine, qu’il espargne les gaiges d’un cuisinier et ceux d’un sommelier, faisant bouillir luy-mesme la marmitte, et accommodant le couvert de la table ; sa femme luy sçait bien dire que ce n’est pas sa qualité.

L’accouchée, voulant prendre congé de la compagnie et lui donner le bon soir, dict : Mesdames, quand l’on a parlé tantost de l’imprimerie, j’avois peine de me souvenir de ce qui me vient à présent en memoire, sçavoir que, l’autre jour,


25. Le sol valoit 12 deniers, et le carolus, qui n’étoit déjà plus guère en cours, n’en valoit que 10.