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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/184

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— Mesdames, je vous prie, pour l’amour de moy, dit la maistresse des requestes, et le respect que nous devons à ce lieu, que tout se tourne en raillerie. Pour moi, je veux croire que l’on a choisi ce monsieur le thresorier pour sa suffisance et capacité, et veritablement il a tesmoigné qu’il avoit de l’esprit, d’avoir si dextrement conduict son affaire.

— Madame, repart incontinent la changeuse, qui ne se pouvoit taire, s’il n’y eust eu que luy qui s’en fust meslé, asseurément nous ne serions en ceste peine ; c’est pourquoy il ne l’eust jamais entrepris sans l’assistance de son premier beau-père, qui est l’un des braves hommes les plus desliez et habilles qui se rencontrent en ceste province. Il faut que je vous avouë que c’est le plus gros buffle que l’on ayt jamais veu ; on le receut l’autre jour à la chambre par grande pitié et avec beaucoup de peine. Croyez-vous que l’on ne sçeut jamais entendre un mot, ny de son harangue, ny de ses responses, si bien que celuy qui l’interrogea le moins en fut le plus satisfaict, et ne peut s’empescher de dire, opinant à sa reception, qu’il avoit de la bonne fortune de se presenter en la belle saison du mois de juin, que les asnes passent partout.

— Mais, Madame, dit la femme d’un procureur en Parlement, il me semble qu’ayant esté conseiller, il doit sçavoir du latin.