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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/187

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la traiteroit encore plus favorablement que n’a fait le comte de Vertus sa femme ; et qu’au lieu de mal traitter celuy qui auroit rendu ce bon office, il le recueilleroit à bras ouverts.

— Madame, repart la changeuse assez brusquement, ma cousine n’en viendra jamais là ; nous ne pechons point en nostre race de ce costé. Hé, grand Dieu ! d’où le tiendroit-elle ? Son père, depuis la mort de sa première maistresse, a gardé inviolablement la foy à sa femme, et sa mère n’a jamais eu seulement une mauvaise pensée : la pauvre femme est trop devote ; elle a tousjours le nom de Jesus à la bouche.

Toute la compagnie se mit à rire, reservé madame la maistresse des requestes, qui se tenoit sur le serieux ; elle pria neantmoins la mercière de leur dire l’histoire du comte de Vertus.

— Helas ! Madame, dit la mercière, est-il possible que vous seule en ceste ville n’en ayez point ouy parler ? C’est une tragedie commune dans Paris ; je l’ay ouy dire à mille personnes, qui s’accordent tous à une mesme verité : que le comte de Vertus6, ayant surpris dans la ville


6. Voici comment Tallemant, d’après le récit qu’en faisoit la fille de la comtesse, raconte l’aventure sinistre de madame des Vertus (édit. in-8, t. 3, p. 407) : « Le comte des Vertus étoit un fort bonhomme, et qui ne manquoit point d’esprit. Son foible étoit sa femme : il l’aimoit passionnément, et ne croyoit pas qu’on pût la voir sans en de-