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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/189

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tré et faict recognoistre leurs missives, l’auroit fait assassiner en presence de sadite femme, qu’il fit entrer après dans un carosse, la mena en une sienne maison forte, où il couche avec elle, et la caresse à l’ordinaire, comme si rien ne s’estoit passé.



l’occasion : il lui envoie dire qu’il fera meilleure chère au château qu’au cabaret, et qu’il le prioit de venir dîner avec lui. Le galant, qui ne demandoit qu’à être introduit de nouveau dans la maison, ne se doutant de rien, s’y en va. Il n’avoit pas alors son épée : il l’avoit ôtée pour dîner ; il oublie de la prendre. Dès qu’il fut dans la salle, le comte luy dit : « Tenez, en lui présentant son dernier billet, connoissez-vous cela ? — Oui, répondit S.-Germain, et j’entends bien ce que cela veut dire. — Il faut mourir. » Les gens du comte mirent aussitôt l’épée à la main. Ce pauvre homme n’eut pour toute ressource qu’un siége pliant. Il avoit déjà reçu un grand coup d’épée, le mari entra dans la chambre de sa femme, qui n’étoit séparée de la salle que par une antichambre. Il la prend par la main et luy dit : « Venez, ne craignez rien ; je vous aime trop pour rien entreprendre contre vous. » Elle fut obligée de passer sur le corps de son amant, qui étoit expiré sur le seuil de la porte. Il la mena dans le château d’Angers. Elle eut bien des frayeurs, comme on peut penser. Les parents du mort, quand ils eurent vu la lettre, ne firent pas de poursuites. La comtesse ouit tout le bruit qu’on avoit fait en assassinant son favori. Elle étoit grosse ; elle ne se blessa pourtant point, mais la petite-fille qu’elle fit, et qui ne vécut que huit ans, étoit sujette à une maladie qui venoit des transes où sa mère avoit esté, car elle s’écrioit : « Ah ! sauvez-moi ! voilà un homme, l’épée à la main, qui veut me tuer ! » et elle s’évanouissoit. Elle expira d’un de ces évanouissements. »