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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/216

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cela n’arrivast, elle fit feinte de se trouver mal, qui fut cause que l’on ne parla plus des charges et des qualitez, et sur ces entrefaites arriva Mathurine17, qui courtoisement fit la reverence à chacun particulièrement dès l’entrée de la chambre, puis s’approcha du lict de l’accouchée pour s’enquerir de sa disposition, après quoy elle print place et en compta des meilleures pour esgayer la compagnie, donnant neantmoins en passant un lardon à celles qui le meritoyent.

Madame de Verneuil, qui naguères estoit arrivée, la voulut faire jazer pour s’en donner du passe-temps ; mais elle, qui est aussi malicieuse qu’un vieux singe, après avoir recité quelques sornettes, elle ne feignit de rechercher le moyen de la picquer, parlant de la chasteté des courtisanes, et sur tout mettant sur le tapis le merite et les bonnes grâces de monsieur de Bassompierre,


17. Fameuse folle de cour qui occupe tout un chapitre de la Confession de Sancy, et la même, croit-on, que Pierre Colins, allant faire hommage à Henri IV pour la terre d’Enghien, dit avoir vue à la table royale. (Hist. des choses les plus mémorables, etc., p. 729.) En 1622, elle avoit encore de la cour une pension de 1,200 livres. (Nic. Remond, Sommaire traité du revenu, etc. 1622, in-8., ad fin.) Mathurine couroit les rues et étoit le jouet des laquais et des marmots. V. à la fin de ce volume les Essais de Mathurine. — On appeloit alors maturinades une sorte de satire burlesque. (Remerciment de la voix publique au roy pour la disgrâce de M. de la Vieuville. Recueil F, p. 46.)