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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/223

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que demy-heure entre ces trois coquettes de bourgeoises, et n’eussent esté sy tost rompus, sans que la femme d’un advocat, fort sage et discrette de son naturel, fit en sorte de changer de batterie. Pour venir à l’effect de ce dessein, elle fit feinte de se trouver mal et de s’esvanouir, ce qui les occasionna de prendre garde à elle et d’apporter tous les soulagemens que l’on peut s’imaginer aux foiblesses qui arrivent par fois aux femmes grosses, de manière qu’après estre revenuë en son premier estat, elle fut interrogée de la compagnie si elle estoit grosse, ains elle afferme qu’elle n’avoit garde de l’estre.

— Cela peut pourtant bien estre, dit la femme d’un pourpointier, jalouse au possible de son mary ; vous qui estes à vostre aise et qui avez un bon mary qui gaigne bien sa vie et qui vous ayme comme il faut, qui vous empescheroit de le devenir ?

— Je ne manque point, graces à Dieu, de toutes ces felicitez que vous me dittes, mais j’ay une affliction qui m’empeschera d’avoir des enfans.

— Hé ! quelle affliction, luy repliqua la pourpointière, Madame ?

— Madame, quoy que j’aye un bon mary, ce n’est pas tout : j’ay perdu ma mère depuis peu, j’ay une sœur malade sur les bras, et un frère nouvellement rendu des universitez, qui veut se faire