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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/248

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mesmes les vendent et debitent aux autres8. Si aujourd’huy une passementière porte un colet monté à cinq estages, elle le fait pour une consideration qui est très bonne, sçavoir, afin qu’on ne puisse attaindre à son pucelage, qu’elle met et constitue au dernier estage de son colet, ce qui est universellement approuvé de toutes les courtisannes : car frottez vostre nez contre leur visage, cueillez les fleurs qui s’espanouïssent sur le marbre empourpré de leurs jouës, desrobez les roses qui vont esclatant sur le corail de leur bouche, pillez les lis qui blanchissent sur la neige yvoirine de leur gorge, bref, mettez-vous en quatre parties pour entendre le bal mesuré de leurs pommes jumelles, et les souspirs contre-ba-


Elle seroit aussi gentille

Ou plus belle qu’elle n’est pas.

(Le Bruit qui court de l’espousée, 1624, s. l., p. 5.)

8. Ces propos sur les modes et la coquetterie étoient le fonds ordinaire de la conversation des caqueteuses :

C’estoyent mercières du Palais
Qui discouroient de leurs malices,
De leurs fards et leurs artifices,
Des bons tours qu’elles mettent sus
Pour faire leurs maris cornus.
J’en vis deux qui se vermillonnent,
Et leurs cheveux passe-fillonnent
Tour mieux les marchands allecher…

(Le Banquet des Muses, ou Satires divers du sieur Auvray, Paris, 1625, in-8, p. 184.)