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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/268

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mais pour la peine ils se resolurent de leur faire porter7 en ce monde, afin de les descharger d’autant en purgatoire, si de fortune leur chemin s’adonnoit en ces cartiers-là : de façon que les pelerines furent espoussetées de la poudre que peut-estre elles avoient pris le long du chemin.

— Cela pourroit-il estre vray, ma cousine ?

— Chacun en va à la moustarde en nostre cartier, dit une drappière de la ruë Sainct-Honoré ; pour mon regard, il me souvient bien de leur avoir vendu de bonnes estoffes et trop relevées pour leur qualité.

— N’est-ce point une grande impudence (dit une autre) de madame Remonde, qui vendoit des confitures il n’y a que trois jours, et aujourd’huy, sous l’esperance d’une bonne succession, la voilà damoiselle, mariée à un homme de qualité, et porte les colets montez à quatre et cinq estages, les cotillons de satin à fleurs ! Pour moy, je ne sçay comment on tollère cela.

— Voilà comme va le temps d’aujourd’huy : on se plaist à braver et à piaffer par les ruës. Mais, à propos de succession, madame la Renardière est bien empeschée despuis deux jours : elle esperoit avoir toute la succession de sa sœur, qui despuis vingt ans a esté sterille ; elle n’a esté recherchée en mariage que sur ceste esperance, et


7. Var. Rec. gén. : les porter.