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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/272

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vint à l’ouvrir, on trouva qu’il n’y avoit que deux cornes dedans : c’estoit une viande de dure digestion.

— Ce ne fust pas à nous à qui ce present fut donné, repliqua l’autre : c’est à nostre voisin (comme si on ignoroit qu’elle a enchroniqué son mary elle-mesme au rang des cornarts !). Mon mary sçait mieux que c’est de vivre que cela ; il a des affaires pour les marguilliers de Baignolet et pour les manans de Ville-Juif, qui ne sont point ingrats, car mon mary emporte tousjours plume ou aisle.

Une autre qui avoit autrefois esté fiancée à son mary, et qui le cognoissoit, va dire : C’est donc la cause pourquoy on appelle les procureurs volleurs et larrons, Madame, puis que, à tort ou à droit, ils prennent des deux mains ?

— Vous n’y estes pas, ce fit une esveillée : la raison pourquoy on dit que les procureurs sont volleurs, c’est qu’ils n’ont qu’une plume, et si pourtant ils volent mieux que pas un oyseau qui soit en l’air.

[— Ô la grosse invention ! va dire une autre ; mais prendriez-vous le mary de madame pour un de ces gens-là ? Vrayement il en est bien esloigné ; s’il a des commoditez, elles ne viennent pas de là. Ne cognoit-on pas son père, homme riche et opulent ?