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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/293

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il falloit19 davantage se contenir dans la discretion et le laisser estudier encore quatre ou cinq années, et puis il eust faict possible comme les grands guerriers, lesquels, après leurs grandes courses et leurs grands travaux, sont bien aises de cherir la dame et d’en dire deux mots à leur loisir.

— Vous avez aucunement raison, repliqua ceste bonne femme ; mais les arrerages d’amour sont bien difficiles à payer, et principalement par les hommes d’estude20 [ : car il n’y a rien qui les rende plus soucieux et plus saturniens que cest exercice. Ce n’est pas comme les cavaliers, qui ont tousjours l’oreille à lairte21]. Voilà pourquoy j’ay esté contraincte de solliciter et procurer le divorce, pour lequel nous plaidons maintenant au Parlement.

— Voilà pourtant qui n’est guère honneste, dit la femme d’un petit procureur du Chastelet qui s’estoit foulé la verge le jour de ses espousailles ; vrayement, si j’eusse voulu faire de mesme pendant deux années, ou peu s’en faut, que j’ay jeusné, ce seroient de belles merveilles ! Je


19. Var. Ce qui termine l’alinéa est remplace, au Recueil général, par : le laisser estudier encore quatre ou cinq années, pour estre plus parfait en toute sorte de sciences.

20. Var. Le passage entre crochets manque au Rec. gén.

21. On écrivoit ainsi, d’après l’étymol. ital., fare all’ erta. V. Montaigne, I, 19.