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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/66

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fes ; puis je demande au fiancé si ces estoffes luy plaisoient. Il n’osoit respondre. Je m’en rapporte, dit-il, à ma maistresse. La fiancée dit que c’estoit bien son cas ; luy, au contraire, se hazarde de parler, et dit que ces estoffes estoient de trop grand pris pour sa qualité ; qu’il n’avoit que cent livres de gages à son office, et qu’il ne pourroit pas entretenir si grande vogue. Mais la mère de la fille, qui n’a nul esgard à cela, dit qu’elle veut que sa fille soit brave, et partant que l’on couppe : si bien que j’ay delivré pour douze cens livres à monsieur le tresorier.

— Ho, ho ! ce fit la femme d’un notaire, S. Gry ! mon mary n’a point de gages, et si je porte bien de pareilles estoffes, et si on ne m’en donnoit j’en trouverois bien ; je ne veux pas estre moindre que ma cousine, encores que son mary soit officier du roy.

— Nous serions bien sottes, dit la femme d’un petit advocat du Chastelet, de porter de moindres estoffes que cela ; ce que nous en faisons donne davantage de courage à nos maris de travailler, et plumer la fauvette sur le manant pour nous en-


« Je vous avois mandé, écrit Malherbe à Peiresc le 6 avril 1614, qu’on faisoit des habits pour la petite reine : c’est une robe qui se fait à l’hôtel de Luxembourg par des Turques, dont il y a deux lez de fait, et dit-on que c’est la chose du monde la plus belle. »