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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/7

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Tout dormoit dans la chambre quand cette aventure eut lieu. Le temps étoit beau, la lune brillante. Alors trois fées entrèrent, prirent l’enfant, le réchauffèrent, le couvrirent et le placèrent dans son berceau. Prenant ensuite le pain et le vin, elles soupèrent, et chacune d’elles fit au nouveau-né présent d’un beau souhait2. »

Dans un ouvrage de la fin du quinzième siècle intitulé les Honneurs de la Cour, on trouve des détails précieux sur le même sujet. Aliénor de Poitiers, vicomtesse de Furnes, auteur de cet ouvrage, parle des cérémonies et des usages observés à la cour et dans la noblesse au moment des couches, du baptême et des relevailles.

« J’ai vu, dit-elle, plusieurs grandes dames faire leurs couches à la cour ; elles avoient un grand lit et deux couchettes, dont l’une étoit à un coin de la chambre, et l’autre devant le feu. La chambre étoit tendue de tapisseries à verdure ou à personnages, mais les rideaux du lit et le ciel étoient de soie, les couvertures du grand lit et des couchettes fourrées de menu vair ; le drap étoit de crêpe bien empesé ; le dressoir, à trois degrés, tout chargé de vaisselle : on l’éclairé avec deux grands flambeaux de cire, on garnit d’un tapis de velours le plancher de la chambre ; les oreillers du grand lit et des couchettes doivent être de velours ou de drap de soie, aussi bien que le dais du dressoir ; à chaque bout de ce dressoir, il faut placer un drageoir tout plein, couvert d’une serviette fine. Les femmes de simples sei-


2. Introduction au livre des Légendes, par Le Roux de Lincy, Paris, 1836, in-8, p. 178–79.