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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/75

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— Là, là, Madame ; vous avez fait vostre temps, laissez faire les affaires aux jeunes gens, et ne ramentevez point le chat qui dort23.

— Je m’estonne pourtant que la cour de parlement n’y met ordre.

— M’amie, cela n’est pas de leur justice ; chacun a son cas à part : la reformation de la justice leur appartient, et non pas du bois. Sçavez-vous pas bien que ces jours passez monsieur le president Chevalier24 a ressemblé à celuy qui pour faire peur aux souris avoit escorché un rat ? Depuis qu’il a fait faire le procez au procureur general de sa justice, tous les commissaires ont tremblé, et si on frippe quelque chose, c’est en cachette.

— Mais, Madamoiselle, disons la vérité sans


23. Ne réveillez pas le chat qui dort.

24. « Nicolas Chevalier, premier président à la Cour des aides, fils d’Etienne Chevalier, conseiller, et de N. Barthemi, fut surintendant de Navarre et de Béarn, et deux fois ambassadeur en Angleterre. » (Le P. Lelong, Bibliothèque franç., t. 4, p. 168, Liste des Portraits.) On a de lui deux portraits gravés par Michel Lasne : le premier, fait en 1621, quand le président avoit cinquante-huit ans, est in-4 ; le second, fait l’année d’après, c’est-à-dire à l’époque dont il est parlé ici, est in-8. — Avant que Luynes fût en faveur, ce président lui avoit rendu service ; mais il paroît que le parvenu eut courte mémoire. V. le Contadin provençal, Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du connétable, etc., p. 93.