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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/94

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de force et de soulagement à dissiper le reste de l’humeur melancholique que la maladie me pouvoit avoir laisse imprimé en la puissance imaginative.

Cette resolution, excitée plustost d’une consideration interne de reprendre mes premières forces, que d’une curiosité particulière que j’aye d’entendre leurs discours (sçachant trop bien, selon ce que j’avois peu voir auparavant, que les entreprises des femmes ne sont fondez le plus souvent que sur des choses inutiles et de peu de consequence), esveilla en moy un desir d’en voir la fin aussi bien que le commencement. Je m’y rencontray donc à l’heure precise, où je trouvay madame l’accouchée qui commençoit un peu à se bien porter. Je m’enquestay de sa maladie, et elle reciproquement de ma disposition ; je luy dis qu’à la verité depuis l’autre jour qu’elle m’avoit fait ce bon heur que de m’insinuer dans la ruelle de son lict, et que j’avois entendu les discours des femmes qui l’estoyent venu voir, que ma maladie s’estoit de beaucoup diminuée. — Vramy, mon cousin, respondit-elle, vous en orrez bien tantost d’autres : car on m’a adverti que je recevray ceste après-disnée la plus jovialle compagnie qui se puisse imaginer ; mais, afin que vous y preniez du contentement et que vous ne soyez descouvert, derrière le chevet de mon lict il y a une petite estude, où l’on peut entrer par une petite porte : de là vous entendrez facilement et sans aucune doute.