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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/96

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tel desordre ny tant de degasts ; un de mes frères y a eu aussi toute la face emportée, et n’y a encor aucune apparence de guarison.

— Mais à quoy bon toutes ces superfluitez ? dit alors une vieille edentée ? De mon jeune temps je n’oüis jamais parler de canoniser les saincts de la façon3 ; c’est plutost les canonner que les canoniser4.

— Tout beau, tout beau, ma tante, dit une marchande de la rue Sainct-Denis : on en a bien fait davantage à Rome. Ce sont des resjouyssan-


3. Il s’agit de la canonisation de sainte Thérèse, que Grégoire XV, par bulle de l’année 1621, avoit mise au nombre des saintes. C’est comme fondatrice des carmélites que sainte Thérèse étoit fêtée par les Carmes avec une pompe si bruyante : « Par toutes les églises des Carmes et Carmélines deschaussez de France, on fit… huit jours de fêtes solennelles en l’honneur de sainte Thérèse : toutes lesquelles églises estoient richement ornées de tapis exquis, de tableaux, de lampes et de cierges, pour exciter le peuple à la dévotion, Sa Sainteté ayant octroyé pleinière indulgence. Et s’y voyoit un grand nombre de personnes de toutes qualités communier et recevoir le S.-Sacrement. » — Le Mercure françois, t. 7, p. 409 (juil. 1622).

4. Ce lazzi se retrouve dans une autre pièce de l’époque, inspiré par un fait tout différent. « Une autre vieille, dit l’Hermite Valérien, racontoit au curé qu’elle avoit ouy dire au marché que M. le connestable alloit canoniser la Rochelle avec cent canons. La simplicité de cette femme me fit rire, voyant qu’au lieu de canonner, elle disoit canoniser. — Recueil des pièces les plus curieuses faictes pendant le règne du connestable M. de Luynes, Paris, 1632, in-8, p. 310.