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Page:Les Gaietés de Béranger.djvu/175

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L’IVRESSE DU PAPE.

Air : Sa Majesté n’a plus sa tête.


Au Vatican, mes très-chers frères,
Sachez, l’autre jour, qu’on soupa :
Le pape but quatre grands verres
D’un vin gascon qui le tapa ;
Ses yeux roulaient dans leur orbite,
Et tous les cardinaux surpris
Criaient : Versez de l’eau bénite !
Le pape est gris ! (quater.)

Paix ! dit-il, en brisant son verre,
Messieurs, notre règne est fini :
J’adresse ce soir à la terre,
Ma bulle In cœna domini.
L’ancienne, digne d’un Vandale,
N’excitait plus que des mépris :
La mienne sera libérale.
Le pape est gris !

Le purgatoire est une attrape,
Humains, n’y soyez plus trompés ;
Ce sont vos cierges, foi de pape,
Qui font les frais de nos soupers.