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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/141

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CONTES ARABES.

t’afflige à ce point ? » Ma mère me pressa si long-temps et avec tant d’instance, que je fus obligé de lui conter mon aventure.

« Plusieurs femmes, lui dis-je, m’ont acheté pour cinq cents piastres de marchandises qu’elles ont emportées ; elles ne m’ont pas donné un sou, et je ne les connois pas. » « Il ne faut pas tant t’affliger, me dit-elle ; pour gagner, il faut savoir perdre quelquefois. Si ces femmes ne viennent point t’apporter le prix de tes marchandises, je te les payerai : ainsi, console-toi, et sois tranquille ; mais dorénavant prends garde à toi. » « Je ne veux rien, lui répondis-je : laissez-moi. » J’avois tant de chagrin, que je ne soupai pas ce soir-là ; je m’enfermai dans ma chambre, et je m’endormis, en réfléchissant à ce qui venoit de m’arriver.

» Le lendemain j’allai au marché ; j’ouvris ma boutique, et j’y restai assis jusqu’au soir, sans recevoir aucune nouvelle des dames qui avoient emporté mes marchandises. Je m’en