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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/135

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LES SÉRAILS DE LONDRES

dire quelques Ave maria, afin que ses bottes fussent bien graissées pour le voyage qu’il alloit vraisemblablement faire, et M. S...r, de son côté, qui étoit un homme d’une propriété considérable, malgré qu’il fut enfermé dans un séjour misérable, et qu’il attendit un acte d’insolvabilité pour en sortir, se rendit dans sa chambre pour faire son testament en faveur d’un enfant naturel qui étoit alors dans l’hôpital des Enfants-Trouvés. Il est bon cependant de remarquer que ses legs consistoient en quelques manuscrits précieux qu’il avoit composé pendant sa retraite.

Les champions, en se retirant, avoient laissés les pistolets sur la table de la signora Fr...si. En les voyant, elle pensa que le seul moyen d’empêcher l’effusion du sang, étoit de les décharger, ce qu’elle fit avant le retour des combattants ; cependant elle laissa l’amorce, parce qu’il ne pouvoit s’ensuivre aucun accident fâcheux.

Tend..ci et S...r de retour, saisirent avec empressement leurs pistolets dans le dessein de vider leur différend. La signora Fr...si étoit présente pour voir leur jeu. Ils tirèrent ensemble, mais aucun des pistolets ne partit ; alors la signora jetta des éclats de rire, en leur disant : « Je vois que vous êtes tous les deux dans la même situation ; malgré votre bravade, vous trembliez furieusement l’un et l’autre dans votre peau. »