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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/154

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LES SÉRAILS DE LONDRES

peuple invoquoit Vénus dans les temps du plus grand péril. La grande réputation de Miltiade et de Thémistocle fut généralement due aux Laïs qui, après leurs batailles, chantoient des hymnes en l’honneur de la Déesse, et célébroient de cette manière leurs victoires. Les courtisanes furent également liées à la religion par le rapport des arts : elles s’offroient pour servir de modèles aux statues de Vénus qui, ensuite, étoient adorées dans les temples. Phryné servit de modèle à Praxitèle pour la Vénus qui lui fit tant de réputation ; et, durant les fêtes de Neptune à Eleusis, Appelle, ayant vu cette même courtisane courir le long des bords de la rivière, fut si frappé de sa beauté, que d’après l’idée de ses charmes il fit Vénus sortant des flots.

Elles étoient ainsi de la plus grande utilité aux peintres et aux sculpteurs à qui elles fournissoient les idées de la beauté la plus transcendante, et elles contribuoient beaucoup à embellir leurs ouvrages ; elles étoient, en outre, de grandes musiciennes, tant pour la voix que pour les instruments. L’art de la musique, qui étoit en si grande estime dans la Grèce, communiquoit des charmes additionnels à leurs qualités personnelles.

L’enthousiasme des Athéniens pour la beauté étoit si grande, que leur imagination exaltée étoit poussée jusqu’à l’idolâtrie dans leurs temples qu’ils