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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/212

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LES SÉRAILS DE LONDRES

Telle fut sa situation pendant plusieurs mois ; mais malheureusement pour elle, son maître, ou plutôt son ami, qui n’avoit jamais eu la petite vérole, attrapa cette maladie, qui lui devint si fatale, qu’il paya le tribut de la nature. Harriot possédoit une assez belle garde-robe, et quelques bijoux ; elle avoit toujours agi d’une manière si généreuse et si équitable, qu’à la mort de son maître, elle n’avoit pas amassé en argent une somme de cinq livres sterlings, quoiqu’elle eût pu aisément, et sans mystère, devenir la maîtresse de mille louis.

La scène fut bientôt changée ; de surintendante d’une table splendide, elle se trouva réduite à une très-mince pitance, et même cette pitance n’auroit pas duré long-tems, si elle n’eût pas avisé aux moyens de venir promptement au secours de ses finances presqu’épuisées.

Nous ne pouvons pas supposer que Harriot eut quelques-uns de ces scrupules délicats et consciencieux qui constituent ce que l’on appelle ordinairement la chasteté, et ce que d’autres nomment la vertu. Les filles de l’Europe, aussi bien que celles de l’Afrique, en connoissent rarement la signification dans leur état naturel. La nature dirigea toujours Harriot quoiqu’elle eut lu des livres pieux et remplis de morale ; elle trouva qu’il étoit nécessaire de tirer un parti avantageux de