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LES SÉRAILS DE LONDRES

puisse maintenant la révoquer en doute. — Trop longtemps, en effet, dans tous les sens, reprit Kitty ; elle est établie depuis si long-temps, qu’elle ressemble maintenant à une vieille sorcière qui radote au lieu d’agir.

Son altesse se retourna de l’autre côté et ronfla ; sa réplique qui prouva qu’il n’étoit pas grand admirateur de la discussion, tandis que Kitty, de son côté, après avoir lu quelques passages du poème, commença à considérer la différence qu’il y avoit entre un jeune roi et un vieux pair ; après quelques minutes de rêverie, elle se dit à elle-même, en français : « Ce n’est pas la longueur ni la grosseur des choses qui fait leur mérite ; Priape suranné ne vaut pas Hercule à vingt ans. »

Cependant, malgré cette opinion, Kitty jugea qu’il seroit plus prudent pour elle d’accepter les conditions du duc telles qu’elles lui étoient offertes. Pendant le temps du déjeûner, elle changea de langage, et au lieu de plaisanter avec l’auteur du Torpedo, elle le tourna en ridicule, en disant, que l’ouvrage étoit insipide, ridicule et écrit, comme on pouvoit aisément s’en apercevoir, par un meurre de faim, qui ne l’avoit composé que dans le dessein de se procurer quelques dîners. Le duc fut si satisfait de ce jugement (car il avoit lu, avant elle, le poème, et il avoit été grandement mortifié, de s’y voir parfaitement peint) que lors-