Aller au contenu

Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

300
LES SÉRAILS DE LONDRES

qu’elle comptoit recevoir ; il étoit cependant absolument nécessaire d’en venir à un autre expédient : toute la garde-robe de la pauvre Nelson ne consistoit plus alors que dans trois chemises et celle qu’elle avoit sur son corps ; elle en fit aussi-tôt un paquet qu’elle envoya chez sa parente ; elle se trouva donc réduite littéralement à son unique et dernière chemise.

Le lecteur dira sans doute que c’étoit un coup hardi et téméraire pour Nelson ; mais le sort en étoit jeté, et elle ne pouvoit plus reculer. Elle se rendit donc à la mascarade dans un habillement de bergère qui lui alloit à merveille. L’ambassadeur fut frappé de l’élégance et de la beauté de sa figure ; il l’aborda, lui parla, et la prit pour une femme dans le grand genre, parce qu’elle ne s’associoit pas avec aucune des grisettes des séminaires qu’elle évitoit avec le plus grand soin ; il dansa un menuet avec elle. Le résultat fut qu’il la reconduisit chez elle, qu’il y resta jusqu’au matin, qu’il lui fit un présent bien au-delà de ce qu’il lui falloit pour retirer, non seulement ses effets, mais pour payer encore tout ce qu’elle devoit. L’ambassadeur fut si satisfait de la réception que lui avoit faite Miss Nelson, qu’il lui promit, en se retirant, de venir la revoir dans peu de jours.