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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/396

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LES SÉRAILS DE LONDRES

pas bien comprendre l’agitation dont ils étoient animés : les mots entrecoupés de « Ah ! dieux !… Ah ! ciel !… quel plaisir !… quelle volupté !… » joints aux soupirs poussés de part et d’autre pendant l’intervalle de ces exclamations, portoient dans ses sens un feu brûlant dont elle cherchoit à se rendre compte. Chaque soir la même scène se répétoit, et Miss Butler n’étoit pas plus instruite. Ne pouvant résister plus long-temps au désir de connoître particulièrement ce qui se passoit entre sa mère et son parrain, elle fit un trou imperceptible à la muraille ; elle découvrit alors le motif de leurs débats et de leurs vives agitations ; elle soupira, elle envia la jouissance d’une pareille conversation. Le surlendemain de sa découverte (elle entroit alors dans sa seizième année) sa mère lui dit qu’elle ne rentreroit que le soir, et lui recommanda d’avoir bien soin de la maison. Monsieur James vint dans la matinée de ce jour pour voir sa commère ; Miss Butler lui dit que sa mère ne seroit pas au logis de la journée ; elle l’engagea à se reposer ; elle lui fit mille prévenances dont il fut enchanté. Le rusé parrain, qui depuis quelque temps convoitisoit les appas naissants de sa filleule, et qui cherchoit l’occasion de les admirer de plus près, la complimenta d’abord sur ses charmes ; il la prit en badinant sur ses genoux ; il la serra avec transport entre ses bras ;