Aller au contenu

Page:Les Stances érotiques, morales et religieuses de Bhartrihari, 1875.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

86
BHARTRIHARI.

et a fini par n’en plus avoir. C’est ainsi que Kâla et Kâlî (le Temps et la déesse de la destruction) jouent ensemble, sur l’échiquier du monde, avec deux dés qui sont le jour et la nuit, et les hommes comme pièces d’échec.

44.

La vie diminue chaque jour ; à mesure que le soleil se lève et se couche, dans le tracas des affaires, sous le poids de mille soucis, on ne se rend pas compte du temps qui s’écoule ; on voit sans frémir les hommes qui naissent, vieillissent, souffrent et meurent : ce monde a bu la liqueur de l’imprévoyance et de l’aveuglement, et il s’est enivré.

45.

Les hommes dépourvus d’intelligence, s’imaginant que le même jour et la même nuit recommencent indéfiniment, courent se remettre à la peine comme auparavant et reprennent chacun en silence la tâche commencée. Hélas ! comment ne rougissons-nous pas de la folie avec laquelle nous les imitons en souffrant les tourments de cette vie dont toute l’occupation consiste à jouir à diverses reprises des mêmes objets ?