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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/108

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QUINZIÈME AVENTURE.

la peur de mourir. Rassemblant alors toutes ses forces : « Merci ! damp Primaut : je jure, et c’est ma dernière confession, que je n’avois jamais cherché à vous nuire. » Ces mots arrêtent subitement la colère de Primaut. Le doute commence à s’emparer de lui : « Si pourtant Renart n’avoit rien à se reprocher ! » Renart voit l’effet de ses dernières paroles, il poursuit d’un ton plus élevé : « Oui, j’en atteste les reliques, j’ignorois que les oisons fussent sous la garde des chiens. Non, je n’ai pas fermé les portes de l’Église ; non, je n’ai pas deviné que les harengers vous traiteroient plus mal que moi. J’implore justice, et j’adjure ma femme et mes enfants d’aller demander au Roi vengeance de ma mort. »

Primaut ne frappoit plus, il réfléchissoit aux suites de cette affaire. « Allons ! Renart, je te laisse la vie, je veux tout oublier. Lève-toi, tu n’as plus rien à craindre de moi. — M’est-il bien permis de le croire ? — Oui, je te pardonne. — Et qui m’en assurera  ? — Si tu veux, j’en ferai serment. — Oui je le veux. — Eh bien ! soit. Indique-moi le moutier dont je prendrai les saintes reliques à témoin. — Il en est un assez voisin ; si vous le désirez, je vais vous y conduire. — J’y consens, allons ! »

Ils se mettent à la voie, mais Renart avoit