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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/143

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RENART ET LA CORNEILLE.

VINGT-DEUXIÈME AVENTURE.

Comment Renart eut un songe effrayant qui fut expliqué par Hermeline, et comment il déçut la Corneille.



Renart, à quelque tems de là, reposoit tranquillement dans son château de Maupertuis, près de sa femme Hermeline. Vers le matin, il eut un songe étrange (qui par malheur rappelle beaucoup celui de Chantecler). Il croyoit être seul près d’un bois ; il avoit une pelisse de rouge futaine trouée en plusieurs endroits et bordée vers le col d’une garniture entièrement blanche. Cette bordure, il avoit eu grand’peine à la passer, elle lui serroit tellement le cou qu’il s’en falloit de peu qu’il n’étranglât.

Tout effrayé, Renart s’éveille en sursaut et cherche ce qu’un pareil songe peut signifier. Hermeline de son côté ouvre les yeux et reçoit la confidence de la vision que nous venons de rapporter.

« Renart, » lui dit-elle tristement, « votre songe m’inquiète, et me donne de vives appréhensions pour vous. C’est assurément l’annonce de grands ennuis et douleurs ; la rouge