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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/159

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LA PAIX DE RENART ET D’YSENGRIN.

de méchans propos recueillis çà et là ? Je connois Renart mieux que vous, et je suis assuré que, pour le donjon de l’empereur Octavien, il ne feroit rien de ce qu’on lui reproche.

— Sire, » dit Ysengrin, « dès que vous en portez témoignage, je le crois. — Eh bien, qui vous arrête donc ? Allons, rapprochez-vous : pardonnez-lui de bon cœur et sans réserve. — Je le veux bien. En votre présence, sire, je lui pardonne ; je dépose tout ressentiment du passé, je prétends que nous demeurions toute notre vie bons amis et compagnons. »

Alors se donnèrent le baiser d’amitié ceux qui ne s’aimoient guère et ne s’aimeront jamais. Qu’ils disent ce qu’ils veulent, qu’ils jurent toutes les reconciliations du monde, même en présence du Roi, ils se détesteront toujours, et je ne donnerois pas une prune de leurs baisers. C’est la paix la plus mensongère et la plus trompeuse ; pour tout dire en un mot, c’est la paix Renart.