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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/184

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TRENTIÈME AVENTURE.

TRENTIÈME AVENTURE.

De la nouvelle infortune arrivée à dame Hersent, et de la résolution d’Ysengrin d’aller porter plainte à la Cour du Roi.



Nous avons vu qu’Ysengrin, à peine guéri de ses gouttes, et relevé de la maladie gagnée dans le Puits des Blancs-moines, avoit aussitôt médité sur les moyens d’assurer sa vengeance. Défier son ennemi, lui declarer une guerre ouverte, c’étoit courir de grands risques ; car le Roi pouvoit intervenir, et Renart avoit de nombreux amis qu’il engageroit aisément sous sa bannière. Ysengrin jugea donc plus sage de commencer par épier Renart en lui ménageant un guet-apens qui pouvoit tout finir, plus vîte et plus sûrement pour lui.

Il se fit rendre un compte exact des endroits que Renart visitoit d’habitude. À certain jour, il vouloit le cerner et le pousser le long d’un mur de cloture, de façon à lui enlever tout moyen de salut. On étoit au tems de la coupe des pois : les tiges étoient liées et rassemblées sur la voie, et Renart ne manqua pas de les visiter. Ysengrin, dès qu’il le vit appro-