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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/214

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TRENTE-DEUXIÈME AVENTURE.

prenne ces gens pressés qui veulent juger sans attendre le quia. — Pour vous, Cointereau, » répliqua Brun, « vous n’étonnerez personne, si vous êtes du parti de Renart ; vous avez le même genre de savoir faire. Renart s’est déjà tiré de plusieurs mauvais pas, il sortira de celui-ci pour peu qu’on s’en rapporte à vous. » « Eh bien, maître, » répondit le singe en faisant une de ses plus belles moues, « dites-nous au moins comment vous justifieriez une sentence aussi précipitée. — Par saint Richer ! » dit Brun, « il n’y a pas de cour au monde où je ne sois prêt à déclarer que tout le mal vient de Renart, et qu’Ysengrin a raison de l’accuser. Avons-nous besoin de preuves, quand la femme et le mari sont d’accord pour en demander justice ? Il conviendrait donc de commencer par s’assurer de la personne du coupable, de l’amener pieds et poings liés, de le jeter en chartre ou geôle, de le battre de verges, et de le mutiler pour l’empêcher de jamais insulter d’autres nobles matrones. C’est ainsi que partout l’outrage est puni ; et la répression du crime est sévère, même quand il s’agit d’une femme commune, abandonnée. Se montrera-t-on ne plus indulgent, quand la victime est une vertueuse et noble épouse, qui ne se consolera jamais de l’insulte qu’elle a essuyée ? Car en-