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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/230

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TRENTE-HUITIÈME AVENTURE.

de cet odieux Renart avec messire Ysengrin et dam Hersent sa noble épouse.

L’histoire dit que l’hyver étoit passé, l’aube épine fleurissoit et la rose commençoit à s’épanouir ; on approchoit de l’Ascension, quand sire Noble le Roi convoqua les bêtes dans son palais, pour s’y former en cour. Toutes répondirent à l’appel, toutes à l’exception de damp Renart, le trompeur et le mauvais larron. Chacun alors de le diffamer à qui mieux mieux et de rappeler ses gestes. Ysengrin ne devoit pas être le dernier à saisir l’occasion d’assurer sa vengeance, il s’avança jusqu’au faudesteuil du Roi et parla en ces termes :

« Beau très-doux sire, je vous demande justice de l’outrage commis par Renart à l’égard de dame Hersent ma femme épousée. Il l’avoit conduite par surprise dans son château de Maupertuis : avant de lui laisser le temps de se reconnoitre, il l’avoit outragée de faits et de paroles ; j’arrivai pour être témoin de ses insolences. Quelque temps auparavant, il avoit furtivement pénétré dans ma demeure et souillé de ses ordures mes louveteaux, comme pour ne rien épargner de ce que j’avois de cher dans le monde. Sur la plainte que j’en avois portée naguère à votre cour, Renart prit jour pour se justifier mais, les saints apportés, il jugea plus à pro-