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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/232

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TRENTE-HUITIÈME AVENTURE.

cer jugement sur la querelle, et si l’un doit à l’autre, il faut qu’il satisfasse et vous paie en outre l’amende du méfait. Envoyez donc citer Renart dans Maupertuis : pour ce qui me regarde, si vous me chargez du message, je me fais fort de l’amener ici et de le tenir au courant des usages de la Cour. »

« Sire Brun, » dit alors Bruyant le taureau, « malheur, je ne dis pas à vous, mais à qui se réuniroit à vous pour conseiller au Roi de prendre l’amende du tort et de la honte que Renart auroit fait à sa commère. Renart a commis tant de crimes, outragé tant de bêtes honorables que personne ne doit le recevoir à merci. Pourquoi messire Ysengrin viendroit-il justifier des faits qui sont à la connoissance de tout le monde ? Qu’on en dise ce qu’on voudra, mais si cet insigne larron, cet odieux trompeur, ce méchant roux de Renart avoit jamais dit à ma femme une seule parole insolente, il n’y a fort ni chateau, il n’y a pas de Maupertuis qui m’empêcheroit de le broyer et de jeter dans un privé sa puante charogne. À quoi pensiez-vous donc, dame Hersent, de ne pas vous être vengée vous-même ? En vérité, je comprends votre confusion d’avoir pu de sang froid recevoir quelque affront de la part d’un être aussi facile à châtier ! »