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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/256

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QUARANTE-DEUXIÈME AVENTURE.

près de lui, se jette avec rage, de la griffe et des dents, sur une de ses joues qu’il mord au point d’emporter le morceau. Le prêtre pousse un cri de détresse, la femme veut le venger, le chat s’élance sur elle et la traite presque aussi mal. Aux cris aigus qu’elle pousse, Martinet revient près de ses chers parens, mais Tybert, à force de travailler, parvient à ronger le lacet et se sauve roué, meurtri, mais vengé de ses boureaux. Que ne peut-il aussi tirer vengeance de Renart ! Mais dès que le traître avoit vu Tybert dans le piège et Martinet criant haro, il avoit repris le chemin de son logis. « Ah ! Renart, » disoit Tybert, « que jamais Dieu ne te prenne à merci ! Pour moi j’ai mérité tous les coups que je viens de recevoir. Comment ai-je pu me laisser encore tromper par ce puant roux ? Au moins, toi, méchant prêtre, tu te souviendras de moi. Puisse Dieu te donner mauvais gîte, peu de pain, et la compagnie des diables à la fin ! la trace de mes griffes restera sur ton vilain visage, et quant à ton digne fils, je lui souhaite de n’avoir jamais denier en bourse et de quitter son abbaye comme relaps, pour être conduit aux fourches comme larron. »