Aller au contenu

Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
302
CINQUANTIÈME-SIXIÈME AVENTURE.

min je voulus savoir ce que tu prétendois, tu me répondis que la coutume étoit, quand l’un descendoit que l’autre remontât ; que tu sortois de l’enfer où j’allois moi-même entrer. Maintenant, que dirai-je de l’étang dans lequel je laissai la meilleure partie de ma queue !

— En vérité, » répondit Renart, « ce n’est pas sérieusement qu’on m’adresse de pareils reproches. Quand nous allions à l’étang, Ysengrin avoit si grande envie de prendre poissons, qu’il ne crut jamais en avoir assez. C’est pour lui que le vilain dit : Celui-là perd tout qui tout convoite. Quand il sentit venir les turbots, pourquoi n’a-t-il pas quitté la place, sauf à revenir une ou deux autres fois ? Mais sa gloutonnerie parloit plus haut. J’allai l’avertir, il me répondit par un hurlement furieux, et c’est alors que las d’attendre je le laissai à la besogne. S’il ne s’en trouva pas bien, à qui la faute ? Ce n’est assurément pas moi qui mangeai les poissons.

— Renart, » reprit Ysengrin, « tu sais fort bien donner le change à ceux que tu trompes, et tu m’as, toute ta vie, trompé. Un autre jour, ayant un peu trop mangé de jambon et me sentant le gosier sec, tu me fis accroire qu’une clef de cellier