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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/51

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RENART ET NOIRET.

Le Translateur. Ésope avoit fait chanter le corbeau, longtemps avant la naissance de Chanteclerc et de Noiret. Il y a toujours eu (dans les temps anciens, bien entendu) des gens fort habiles à faire chanter les autres. Écoutez comment Pierre de Saint-Cloud a su donner un nouvel agrément à la fable esopienne du Renard et du Corbeau.


QUATRIÈME AVENTURE

Comment Tiecelin le corbeau prit un fromage à la vieille, et comment Renart le prit à Tiecelin.



Dans une plaine fleurie que bornoient deux montagnes et qu’une eau limpide arrosoit, Renart, un jour, aperçut de la rive opposée, un fau solitaire planté loin de tout chemin frayé, à la naissance de la montée. Il franchit le ruisseau, gagne l’arbre, fait autour du tronc ses passes ordinaires, puis se vautre délicieusement sur l’herbe fraîche, en soufflant pour se bien refroidir. Tout dans ce lieu le charmoit ; tout, je me trompe, car il sentoit un premier aiguillon de faim, et rien ne lui donnoit l’espoir de l’apaiser. Pendant qu’il hésitoit sur ce qu’il avoit à faire, damp Tiecelin, le corbeau, sor-