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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/85

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LA MESSE DE PRIMAUT.

maut, « je ne vous salue pas. — Pourquoi ? quel mal ai-je donc fait ? — Vous m’avez laissé seul, et sans m’avertir vous avez fermé la trouée du moutier. Ce n’est pas votre faute si je n’ai pas été assommé : il a fallu me défendre contre une centaine d’ennemis acharnés. Méchant nain, roux infâme ! Ah ! si je ne suis pas le premier, je pourrai bien être le dernier de ceux que vous aurez trahis.

« Sire Primaut », répond Renart d’une voix suppliante, « je vous crie merci ; je sais que dans ces lieux écartés, vous pouvez me faire honte et préjudice ; mais j’atteste Hermeline, ma chère femme, Malebranche et Percehaie, mes deux fils, que je ne me souviens pas de vous avoir offensé. Ce n’est pas moi qui ai fermé le pertuis c’est le méchant prouvère. J’eus beau le supplier de s’en défendre, il me répondit par des menaces, si bien que le voyant prêt à me faire un mauvais parti, je n’eus plus qu’à me sauver par un petit sentier couvert que je connaissois. Je vous attendis sous ce chêne, inquiet de ce que vous alliez devenir, car je prévoyois avec chagrin qu’on vous attaqueroit. Telle est la vérité, je sanglotois encore au moment où vous êtes arrivé. »

Ces paroles firent tomber la colère de Pri-