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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/89

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RENART ET PRIMAUT À LA FOIRE.

Primaut. Oh ! pour cela, vous serez content de nous. »

Primaut met alors sa charge à terre, et montre les habits. Le prêtre les examine. « Il n’est besoin », dit-il, « de longues paroles, combien m’en demanderez-vous  ?

Primaut. Je vous le dirai sans surfaire. Cédez-moi votre oison, et les habits sont à vous.

Le prouvère. Bien parlé, par ma foi ! J’y consens ; prenez-le, et baillez-moi les vêtements. »

L’échange se fait aussitôt. Primaut prend avec joie l’oison, qui étoit gras et bien fourni. Il le met à son cou et détale au plus vite, sans même penser à prendre congé de Renart. Celui-ci de courir après, et de le rejoindre avec l’espoir d’être admis au partage. L’un suivant ainsi l’autre, ils gagnent la lisière du bois, peu soucieux des vilains qui, de temps à autre, leur barrent le passage ; et chemin faisant, ils rioient de bon cœur, Primaut surtout, de la sottise du Prouvère, qui avoit pu donner une si bonne bête pour quelques habits.

Arrivés sous un grand chêne, Primaut mit l’oison à terre, et prenant les devants sur les réclamations de son compagnon : « En vérité, Renart, nous avons eu tort de ne pas demander au prouvère un second oison ; je